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Il n’aura fallu que cinq millésimes à Ivan Massonnat pour imposer son belargus parmi les plus grands vins de France. L’exploit est d’autant plus remarquable que, pour s’installer dans sa nouvelle vie à l’aube de ses 50 ans, il a choisi un terroir que tout le monde lui déconseillait : l’Anjou noir, dans la commune de Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire). Et puis il vient de loin et aime les défis. En 1996, il était pionnier chez Paribas en tant qu’« architecte Internet » avant de faire carrière pendant vingt ans dans le « capital investissement » chez un des leaders européens du secteur, le fonds français PAI Partners.
« J’aurais pu continuer ce métier que j’aimais, mais j’avais envie de bâtir quelque chose de personnel. Cela aurait pu être l’art, mais c’est le vin, une passion depuis toujours, qui s’est imposé », raconte Ivan Massonnat. A 45 ans, il a donc cherché un vignoble. « J’ai choisi la Loire parce qu’elle possède des terroirs remarquables, oubliés et à révéler. Elle produit des vins immenses avec des profils très contemporains, tendus, frais, digestes, complexes. Cette région a tout pour figurer parmi les plus grands vignobles du monde. »
En 2018, après deux ans de quête, il trouve son Domaine de Belargus et fait vite exploser une région à l’image timorée. Il n’a pas peur d’imposer d’emblée des prix très élevés pour l’Anjou, avec pour étalons les vins historiques de Bordeaux ou de Bourgogne. « Les vins d’Anjou ont aussi leur histoire. Je trouvais normal de les valoriser », explique le néovigneron. La quinzaine de cuvées qu’il concocte, uniquement des blancs, affiche des prix qui vont de 24 euros à 150 euros pour les secs, et de 38 euros à 500 euros pour les liquoreux.
Sa stratégie paie, et les vins s’arrachent. A tel point que Belargus est déjà devenu une référence à l’international. En juillet prochain, lors d’un dîner de gala donné par son importateur allemand, Michael Unger, en Bavière, seuls trois vins seront servis au dîner : un champagne Krug, le rouge californien Harlan Estate (qui fêtera ses quarante ans), et la cuvée emblématique de Belargus, « Les Treilles ».
Les Treilles, ce sont les premières vignes acquises par Ivan Massonnat, guidé par une bonne étoile. Le coteau appartenait à Jo Pithon, qui, après une rencontre lors d’un salon du vin de Loire, le lui montre. Il se trouve au cœur du parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, et cela fait dix ans que le lieu est à vendre. Ivan a un coup de foudre. « Cette colline abrupte plantée de vieux chenins est magique, orientée plein sud, avec le Layon qui coule en contrebas, raconte-t-il. Jo a mis trois ans à en faire une entité unique en réunissant soixante-dix petites parcelles que se répartissaient vingt-cinq propriétaires. »
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